Apéritif thématique de Novembre 2013 : Les Croisades : La Croix et le Croissant

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Pour l'apéritif thématique du 22 novembre 2013, Philippe Rouinssard présentait « Les Croisades : La croix et le croissant », un exposé insistant sur les représentations idéologiques durant les neuf croisades de 1096 à 1291 et qui fut accompagné d'un diaporama riche en cartes, nécessaires pour suivre la marche et la progression des croisés.

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Apéritif thématique de Novembre 2013 : Les Croisades : La Croix et le Croissant

Le terme « croisade » n’apparait qu’après les années 1250 en Occident et pas avant 1850 dans le monde arabe. Il était désigné avant sous des termes ambigus voire paradoxaux comme « le voyage de Jérusalem », « le voyage du Saint-Sépulcre », « le passage outre-mer » ou encore « le pèlerinage armé ». La notion fondamentale de ces mouvements reste en effet le pèlerinage. La quête du salut est le vecteur clé de ces évènements quelque soit le côté où l’on se place. Dans un monde entièrement croyant peu importe sa foi (chrétienne, musulmane, orthodoxe). La croisade désigne donc une expédition armée de soldats chrétiens portant la Croix (croisés) qui viennent de différents pays, unis pour combattre l’infidèle ou l’hérétique.

Ce terme n’est donc pas spécifique aux expéditions pour reprendre la terre sainte, il est également utilisé pour les guerres teutoniques, la Reconquista en Espagne ou la chasse aux hérétiques cathares, vaudois, lollards ou hussites…

Jérusalem est pour les chrétiens le centre du monde spirituel terrestre. En 638, les Musulmans s’emparent de la Palestine, mais les pèlerinages ne sont pas stoppés pour autant, les pèlerins s’acquittant d’une taxe. Le nombre de pèlerins ne cesse d’augmenter depuis le Xe siècle. Le voyage était long et dangereux, les pèlerins commencèrent à s’organiser en véritables bandes armées.

Les Turcs Seldjoukides s’emparent de Jérusalem vers 1070 et interdisent aux pèlerins chrétiens de venir se recueillir à Jérusalem. La tension monte, en 1095 l’empereur Byzantin Alexis Comnène demande de l’aide à l’Occident pour lutter contre les Turcs.Toutes les conditions sont réunies et une étincelle suffit à mettre le feu aux poudres.

Le pape Urbain II appelle aux armes toute la chrétienté. Le départ est fixé au 15 août 1096. Le succès est considérable. Même si la majorité des croisés sont des Francs, il y a aussi Flamands, Rhénans, Normands, Siciliens, Italiens, Bavarois, Anglais, Aragonais, Bohémiens, Castillans, Écossais et même Danois. Contrairement aux idées reçues, les nobles et chevaliers représentent à peine 10% des croisés de la première croisade. Une immense troupe de 20 000 croisés pauvres et civils se met en marche. Malgré des conditions difficiles, passage des montagnes, faim, soif et maladie, les croisés prennent Bethléem, puis Jérusalem en juin 1097. La première croisade est donc un éclatant succès pour la chrétienté, malgré un manque de préparation et d’organisation important. Les croisés peuvent alors crier au miracle.

Baudouin, comte d’Edesse, se fait couronner Roi de Bethléem et fonde le royaume de Jérusalem. Ce n’est qu’une mince bande de terre bien fragile. En effet, une fois la ville libérée, de nombreux Croisés qui ont fait ce qu’ils avaient promis, rentrent chez eux. Baudouin ne dispose plus que 200 chevaliers et 1 000 fantassins. Les musulmans tentent régulièrement de chasser les croisés qu’ils appellent par généralisation « Francs ». Les combats sont très nombreux et les morts se comptent par milliers de part et d’autre. Avec la contre-offensive musulmane et les conquêtes de Saladin, la seconde croisade est un échec pour les « Francs », les Etats Latins d'Orient sont anéantis.

C'est grâce à la troisième croisade où les Anglais s'associent aux Français que la liberté de pèlerinage est retrouvée. La quatrième croisade perd les 3/4 des ses croisés, le dernier restant en Italie, aux alentours de Gènes, la cinquième, elle, est massacrée, l'expédition a été un désastre. Dans le second quart du XIIIème siècle, la conjoncture internationale change. L’Orient est aspiré dans la tornade mongole. Gengis Khan se taille un empire immense depuis la Chine et les confins de la Mongolie. Il écrase les musulmans d’Asie Centrale, ses hordes occupent l’Iran, le débarquement d’une forte armée germanique menée par l’Empereur Frédéric II met le Sultan dans une situation délicate. Il risque d’être pris entre deux feux. Sans combattre, Jérusalem est récupéré. En échange, Frédéric II quitter la terre sainte avec son armée. Cette sixième croisade n’en a pas vraiment été une puisqu’il n’y a pas eu de combat mais c’est une réussite pour les chrétiens.

Les villes de Tibériade et Jérusalem sont reprises en 1244. Le pape appelle alors à la septième croisade pour libérer la ville sainte. Les croisés visent l’Egypte qu’ils espèrent échanger contre la Terre Sainte. Le 6 juin 1249, Louis IX traverse le Nil, Robert d’Artois qui mène l’avant-garde refuse d’attendre le reste de l’armée et s’élance seul à l’assaut de Mansoura, dans les ruelles étroites, lui et ses hommes sont décimés. Les Croisés refluent, la plupart sont tués, le Roi est capturé. Il paie une forte rançon et ses maigres troupes évacuent l’Egypte.

Les Mamelouks menacent les Etats Latins, s’emparent de Jaffa, de Beaufort et surtout d’Antioche le 25 mai après 169 années de contrôle chrétien. Louis IX décide de lancer une huitième croisade, mais celle-ci échoue suite à une rumeur. Les Croisés assiègent et s’emparent de Carthage mais la canicule fait des ravages dans l’armée, l’eau des puits ne suffit pas et devient non potable. La dysenterie fait rage, c'est la maladie des sièges. Louis IX décède, une violente tempête disperse la flotte, les Croisés préfèrent rentrer en France.

Edward d’Angleterre et son armée qui devaient rejoindre les Français à Tunis pour la neu- vième croisade, décident de partir directement pour la terre sainte. Edward est scandalisé par ce qu’il découvre en terre Sainte : la lutte des factions qui se divisent et les marchands chrétiens qui vendent des armes aux musulmans. Il tente vainement de réformer ces pratiques. Son armée parvient à dégager les frontières des Etats Latins, il relance l’alliance mongole. Les hordes saccagent la Syrie mais repartent avec le butin sans combattre. Désespéré, Edward, apprenant la mort de son père Henry III, est désormais le nouveau Roi d’Angleterre. Il rentre en 1272 en laissant son armée et des instructions claires. Le pape appelle vainement à la dixième croisade en 1274.

Les croisades en Orient contribuent à éloigner les chrétiens des musulmans mais surtout les catholiques des orthodoxes. L’empire byzantin est en effet le grand perdant des opérations militaires, il s’affaiblit tellement qu’il tombera presque sans combattre en 1453.

Après les croisades, les catholiques ne peuvent plus, durant cinq siècles, faire le pèlerinage de Jérusalem, qui était le principal but des expéditions militaires. Les croisades ont fait l'objet d'un transfert de connaissances de l'Orient vers l'Occident. Elles ont aussi permis à l'Occident de créer des comptoirs de commerce en orient. Venise a atteint son but et devient le grand gagnant de ces deux siècles de guerre.

Le principe de Croisade ou de guerre sainte nous parait bien difficile à comprendre 8 siècles après la fin des opérations. Mais elle est à remettre en parallèle avec l’idéal de l’époque, la foi profonde et chevillée au corps des gens des XI-XIIIème siècles. La croisade permet également au pape de canaliser les violences entre princes chrétiens et pour ces derniers d’obtenir la rémission de leurs péchés et la vie éternelle dans le paradis de Dieu.

L’idée de « croisade » n’a pas été abandonnée après 1298. Les appels du pape resteront sans effet, même si les grands princes font régulièrement le vœu de se croiser. La foi est toujours aussi importante, mais l’Europe se retrouve bousculer par des guerres internes et n’a plus les moyens d’aller lancer des expéditions en terre sainte.

Les Croisés chasseront les Maures d’Espagne, Espagnols et Portugais lancent des offensives sur le Maghreb au XV-XVIème siècle. Si les actions pour sauver les Byzantins ou les Hongrois de l’avancée ottomane échouent (comme la croisade bourguignonne de Jean sans Peur battue à Nicopolis en 1396). Les Croisés seront victorieux à deux reprises devant Vienne (1521 et 1683) mais également sur mer à Lépante en 1571, mettant ainsi fin à l’expansionnisme musulman vers l’Europe.

Philippe, comme lors de ses derniers exposés a su captiver son auditoire et a réussi à communiquer sa fougue, sa passion et son humour. Le public, épuisé et assoiffé par deux siècles de progression et de marche forcée à travers l’Europe et l’Asie, fut ravi de boire le verre de l’amitié !

Guerre croisée

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Publié dans APERITIFS THEMATIQUES

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