Atelier Ecriture du 20 Février 2014 : Quand fou rire rime avec délire !
Les participantes à l'atelier écriture étaient ravies d'accueillir une nouvelle.
Pour animer la séance de l'atelier écriture de février, Diane a proposé de jouer avec les exercices de style de Raymond Queneau.
Raymond Queneau est né en 1903, décédé en 1976, c'était un romancier, poète, dramaturge français, cofondateur du groupe littéraire l’OULIPO (Ouvroir de Littérature Potentielle).
Après deux exercices pour s'échauffer :
1 - ) Trouver les mots se rapportant à « poème » et « poésie »
2 - ) Définir « un poème » en quelques mots, d’une façon très concise
Diane demanda de :
3 - ) Donner la description d'un poème, sous forme d’une recette de cuisine
Recette pour un poème de Diane
Prendre des mots qui sonnent
Les saupoudrer d'émotion
Y ajouter de l'amour
Mélanger le tout, naturellement.
Verser doucement quelques gouttes d'imagination
Quelques grains de sincérité
Faire cuire , et recuire lentement
En dernier lieu, ajouter une bonne dose de plaisir
Goûter, puis laisser refroidir.
Quelques heures plus tard , tout est prêt.
Écouter.
Recette pour un poème de Marie-Jo
Pour quelques moments d'évasion poétique
Prendre un thème à votre choix
Un peu de sel pour le rire
Un peu de poivre pour éternuer
Un peu de piment pour exercer votre curiosité
Trouver des mots bien sentis
Les arranger divinement
Les lire, les relire encore et encore pour entendre leur musique
Entrecouper de quelques pauses
Compter les pieds jusqu'à la douzaine
Lire et relire
Voilà votre poème.
Recette pour un poème de Thérèse
Prendre une grande feuille blanche
Avec un crayon de papier
Noter de mots, tous plus beaux les uns que les autres
Ajouter une louche d’amour
Un fond d’évasion
Une pincée d’émotion
Saupoudre d'une touche de passion
Mélanger le tout
Secouer la feuille
Un superbe poème apparait
Qui peut être dégusté instantanément
Inutile de le passer au four.
Diane lut quelques citations sur le mot "poème" :: « Le meilleure poème est celui de la vie » - « Un poème, c’est un mystère dont le lecteur doit chercher la clé »...
4 - ) Après la lecture du texte initial de Raymond Queneau dans "Exercices de style"
"Le narrateur rencontre dans un bus bondé de la ligne S, un jeune homme au long cou coiffé d’un chapeau mou orné d’une tresse tenant lieu de ruban. Ce jeune homme échange quelques mots assez vifs avec un autre voyageur, puis va s’asseoir à une place devenue libre. Un peu plus tard, le narrateur revoit ce jeune home (devant la Gare Saint-Lazare) qui est alors en train de discuter avec un ami. Celui-ci le conseille de faire remonter le bouton supérieur de son pardessus"
Il fallait réécrire le texte dans des styles différents :
Écrire ce texte en style télégraphique :
Bus. Deux voyageurs. Discussion pour place. Stop. Plus tard gare Saint Lazare. Même homme avec ami. Stop.Conseil vestimentaire. Stop. Diane
Narrateur dans bus bondé/ avec jeune homme/long cou/ chapeau mou avec tresse/ échange vif jeune homme -voyageur/ prend place libérée/ narrateur revoit après Gare Saint Lazare jeune homme avec ami/ conseillant remonter bouton de pardessus/ Marie-Jo
Narrateur rencontre jeune homme stop – Bus bondé – stop – Jeune homme au long cou, chapeau avec tresse – stop – Échange violent entre jeune homme et autre voyageur – stop – Place libre prise par jeune homme – stop – Jeune homme discute avec ami – stop – Remonter le bouton supérieur du pardessus – stop – Thérèse
Écrire le texte, façon « arc-en-ciel » :
Le narrateur, habillé de noir, monte dans un bus rouge.Un jeune homme au long cou coiffé d'un chapeau brun, orné d'un ruban indigo va s'asseoir sur une place verte. Deux heures plus tard, le narrateur, bleu de froid,revoit le jeune homme à la gare Saint Lazare, en train de discuter avec un ami qui rit jaune. Celui-ci lui conseille de remonter le bouton rose de son pardessus orange. Diane
Le narrateur, faisant grise mine, par un soir de printemps vert tendre, monte dans un bus bondé, vert et beige jaunâtre de la ville de Paris, ligne S. Il rencontre un jeune homme pain d'épices ,un long cou entouré d'une écharpe mauve, coiffé d'un chapeau mou gris souris orné d'une tresse noire. Ce jeune homme rouge de contrariété, échange quelques mots verts avec un autre voyageur blanc comme un linge. Il va s'asseoir sur un siège multicolore aux dessins psychédéliques. A l'heure où le soleil se pose sur un horizon orange, le narrateur, toujours avec sa grise mine, revoit le jeune homme pain d'épices, entrain de discuter avec son ami, de bleu vêtu. Celui-ci lui conseille de remonter le bouton doré de son pardessus marron. Marie-Jo
Le narrateur, homme de couleur, rencontre dans un bus rouge bondé, un jeune homme blanc, coiffé d’un chapeau marron orné d’une tresse noire. Ce jeune homme vert de rage, échange quelques mots hauts en couleur avec un voyageur rouge de colère. Un siège bleu se libère. Le jeune homme, calmé, ayant retrouvé sa véritable couleur y prend place. Plus tard, le sombre narrateur revoit devant la gare en pierres orangé, le jeune homme qui rit jaune avec un ami asiatique. Celui-ci lui conseille de faire mettre des boutons de toutes les couleurs sur son pardessus gris. Thérèse
Écrire le texte en homéoleute (rime dans le texte, ailleurs qu’en fin de vers) :
Le narrateur, homme de couleur, monte de bonne heure dans un bus, rencontre un homme, sieur facteur, bon parleur. Celui-ci, mort de peur, s'adresse à lui de fort méchante humeur, pour avoir un siège libre. A la bonne heure, le voilà qui descend. Deux heures plus tard qui attendait depuis des heures à la gare Saint Lazare ? Son ami, beau seigneur, lui conseille de remonter le bouton de son pardessus. Diane
Le narrateur, monte dans un bus avec un moteur, bondé à faire peur, ligne S comme stupeur. Un jeune homme, un peu hâbleur, au long cou, peu aguicheur, coiffé d'un chapeau mou déformé par la chaleur et orné d'une tresse de frimeur, genre ruban. Le jeune homme, sans honneur, échange quelques mots vifs, une horreur, avec un autre voyageur. Puis il va, quel tricheur, prendre la place déserté par un passager rêveur. Un peu plus tard, environ une heure, devant la gare Saint Lazare ou ailleurs, le narrateur revoit le jeune frimeur entrain de discuter avec ardeur avec un ami serveur. Celui-ci lui conseille avec candeur de faire remonter par son tailleur le bouton supérieur de son pardessus d'extérieur. Marie-Jo
Un narrateur, bonimenteur, dans un bus de couleur, de la ligne S aux virages en S, rencontre de justesse, un jeune homme qui tombe dans les pommes, au long cou, tout doux, coiffé d’un chapeau mou avec une tresse comme une laisse et un ruban blanc. Ce jeune homme, sortant de son somme, échange des propos vifs, actifs avec un voyageur couleur beurre. Fugace, une place devient libre et comme ivre, le jeune homme s’en étonne. Plus tard, devant la gare Saint-Lazare, au hasard, le narrateur, toujours le même beau parleur revoit le jeune homme vert pomme, discuter avec légèreté avec un ami sans souci, qui lui dit de remonter, conseil avisé, le bouton marron de son pardessus de tissu. Thérèse
Écrire le texte avec des exclamations :
Que de monde ! Et ce jeune homme à l'ait bizarre ! Oh la la ! comme il est énervé ! et pas de siège libre ! Et comme il parle ! et bien ! Il me semble de bien mauvaise humeur ! Ouf ! Il descend ! Tiens, lui, à la gare Saint Lazare ! c'est étonnant ! Et son ami qui lui remonte son bouton ! Quelle manière, vraiment ! Comme c'est étrange ! Diane
AH ! Dit le narrateur, voilà que le bus ligne S est bondé ! Et puis c'est quoi ce jeune homme au long cou ! Une autruche ! Et ce chapeau orné d'une tresse, c'est carnaval ! Et quelle éducation !! voilà-t-il pas qu'il se prend de bec avec un autre voyageur ! Je rêve ! Enfin ! Il va s 'asseoir à une place libre ! On va être tranquille ! C'est déjà cinq heures ! Mais quels sont ces deux types sur la place Saint Lazare ! Ah oui ! Ce sont les deux gars du bus ! Mais ! Ils discutent avec les mains ! C'est quoi ce bouton qu'il tripote a l'encolure ! C'est une histoire de bouton de pardessus à remonter plus haut! Mais il lui remonte les bretelles ! Quelle histoire !! Marie-Jo
Le narrateur, quel hâbleur ! Dans un bus archi bondé, je vous dis pas ! De la ligne S, la pire ! rencontre un jeune homme, vous n’imaginez pas comment ! avec un long coup et un chapeau mou ! Quelle allure ! Soudain le jeune homme échange des mots d’oiseaux avec un autre voyageur mais quel culot ! Un siège se libère et sans la moindre gêne, le jeune homme prend la place, qu’elle audace ! Plus tard, près de la gare Saint-Lazare, le narrateur, toujours le même enjôleur, revoit le jeune homme, quel bavard celui-là ! entrain de parler à un ami, quoi ? Va-t-il encore s’énerver ? Non, c’est l’ami qui lui conseille de remonter le bouton supérieur de son pardessus, il se prend pour un styliste, celui-là ! Thérèse
Écrire le texte d’une façon vulgaire :
Dans un bus à la con, un gars rencontre un jeune mec, fringué bizarre. Il engueule le voyageur : "eh, bouffon ! tu bouges ton cul ! ou j'te casse la gueule". Il lui parle grave. Le premier gars le mate, pas net ; il a peur. Finalement, l'autre s'affale sur un siège. Il fait un bras d'honneur et crie "fis-su-ré". Quelques heures plus tard, le premier gars retrouve le même voyageur, le con du début. Mais, qu'est-ce qu'i fout là, s'tarré ? À la gare avec un pote. Pas gêné, celui-là ! Il lui remet le bouton de son pardessus. Diane
Baratineur s’énerve. Tiens voilà-t-y pas que le bus est plein comme un œuf ! La ligne S : la ligne des saucisses et ça ne manque pas là dedans. Et en plus serrés comme des harengs. Un godelureau, jeune fier à bras, le cou passé dans une tréfileuse, porte un couvre chef genre voyou, avec un lacet comme pour poser des collets. Le type s'écharpe avec un autre mec, Salop ! Tu m'écrases les arpions ! Tu peux pas faire gaffe ? Tien y'a un siège de libre là bas, j'vais y aller poser mon cul ; je serai peinard. Deux plombes plus tard, devant la gare Saint Lazare, Le mec du bus a retrouvé un pot à lui qui s'en prend à son bomber : Vieux, faut que tu dises à ta meuf de coudre ton bouton plus haut : tu vas chopper la crève. Marie-Jo
Le narrateur, un vioque, bavard soiffard et baveux, dans un bus, une vieille guimbarde déglinguée, rencontre un jeune merdeux au long cou, couvert d’un galu cradot, orné d’une ficelle dégueulasse. Ce jeune saligot échange des propos grossiers avec un autre quidam de son espèce. Ensuite il va se vautrer sur un siège qui s’est libéré. Un peu plus tard, le cracheur revoit la jeune ordure jacter avec un pote à lui qui lui dit de faire remonter le bouton du haut de sa vieille biaude ! Thérèse
5 ) Pour achever la séance en apothéose, les participantes devaient lire le texte "Leçons de choses" de R. Queneau dans différents tons :
Façon professorale, avec ennui, avec enthousiasme, avec colère et avec un accent étranger (alsacien).
Un grand merci à Diane pour ces deux heures de rire et de délire.